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20 mai 2012 7 20 /05 /mai /2012 10:56

 

dans-la-jungle-des-villes.jpgBien qu’étant un des pères fondateurs du théâtre allemand, Bertolt Brecht n’en reste pas moins, pour beaucoup de passionnés, un mystère aux textes énigmatiques et parfois insaisissables. Dans la Jungle des villes se différencie pourtant dans cette volonté d’un théâtre de la critique sociale et d’une forme basée sur l’homme et sa remise en cause de l’identité. Démarche intéressante que celle de vouloir renverser les codes et les conventions d’une société bien organisée. Ainsi, la pièce nous propulse dans le Chicago de 1919 où Georges Garga, pauvre bibliothécaire vivant près d’une bouche d’égout avec toute sa famille, vendra son âme, ou plutôt son opinion, à Mister Schlink, un riche malais négociant en bois. Etat de crise dans lequel l’un prendra la place de l’autre avec, pour seul but, de se heurter à une réalité : celle de la vie et de la raison. Mais, pourtant, pauvre Brecht qui ne doit cesser de se retourner dans sa tombe depuis que Roger Vontobel a investi la scène du Théâtre de la Colline, avec ce désir, bien plus qu’évident, d’inscrire cette pièce dans un contexte actuel !  Idée séduisante et plutôt bien mise en pratique lorsque le metteur en scène nous présente, sous forme d’abord filmée, un Garga du 21ème siècle, vendeur dans une vidéothèque d’un quartier parisien populaire. Néanmoins, à vouloir trop moderniser, Vontobel semble avoir oublié de se fixer des limites et s’est perdu dans une spirale de clichés et de moments en cartons pâtes. Entre un groupe de rock à la chanteuse hystérique, un décor qui n’arrête pas d’être modifié à vue, donnant des airs de répétitions, des clichés, certes risibles au quotidien, mais, ici, hors propos, et un entassement d’éléments visuels, nous sommes envahis par cette sensation de désordre matériel du point de vue de l’organisation et par ce choix de vouloir signifier maladroitement la moindre action. Or, le spectateur, qui est loin d’être stupide, ne ressent pas ce besoin d’une représentation à outrance pour signifier une époque, un état d’esprit ou une volonté. Bien au contraire, moins l’émotion passe par l’aspect matériel, plus elle est intense, plus les talents du metteur en scène et des comédiens sont valorisés !

  Où est donc passée la force de cette dualité entre les deux personnages brechtien, cette lutte contre l’idéalisme et les émotions ? Elle paraît s’être perdue dans ce « bric-à-brac » d’une ville surchargée de symboles en tous genres. A notre grand désespoir, cependant, car les qualités des deux comédiens, Clément Bresson et Arthur Igual, ne sont nullement remises en question, bien au contraire. Comme deux boxeurs, ils sont présents dans le combat et font preuve d’un dynamisme et d’un mal-être évident qui se retrouvent, malheureusement, dénaturés et étouffés par ce trop plein de « contemporain » !

 

 

 link Théâtre National de la Colline

 

Dans la jungle des villes, de Bertolt Brecht, mis en scène par Roger Vontobel

avec  Clément Bresson, Rodolphe Congé, Cécile Coustillac, Annelise Heimburger, Arthur Igual, Sébastien Pouderoux, Philippe Smith et avec la participation de John Arnold

du 04 Mai au 07 Juin 2012

 

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  • La salle a payé et on lui doit le spectacle. Tu es la comédienne de théâtre, la splendeur de l'âge du monde, son accomplissement, l'immensité de sa dernière délivrance. Tu as tout oublié sauf Savannah, Savannah Bay. Savannah Bay c'est toi."
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